dimanche 30 septembre 2018

Eternité


L’éternité est un concept purement humain, inventé par l’homme et jamais vérifié par la science. Il ne se vérifie que dans les mathématiques, science abstraite et spéculative inventée par l’homme dont la seule utilité est le calcul. Les sciences physiques, chimiques et biologiques sont les seules sciences qui se vérifient dans la réalité, l’univers et le monde. Le concept d’éternité ne s’est jamais soucié que de vérité et non de réalité.
Dire que l’homme puisse devenir éternel n’a donc aucun sens d’un point de vue scientifique, puisque la science n’a jamais vérifié une quelconque spécificité d’éternité. Pour que l’homme devienne éternel, il lui faudrait conquérir un lieu où puisse advenir cette éternité. Or il n’existe pas, nulle part dans l’univers.


Rien n’est éternel d’un point de vue scientifique, si ce n’est mathématique. Mais les mathématiques sont une science spéculative inventée par l’homme. En dehors des mathématiques, rien de scientifique n’a jamais décelé une quelconque forme éternité. Il faudrait tout au plus trouver un lieu où l’on puisse être éternel, or il n’existe ni sur terre ni dans l’univers. Je vous souhaite donc bonne chance, messieurs les transhumanistes et une très bonne assistance médicale pour aller au-delà de l’univers et trouver un lieu d’éternité.
L’éternité est un concept inventé par l’homme à x époque et pour x raison.

Annulation


J’entends toujours ce même processus d’annulation. Il consiste à couper le discours de son interlocuteur par la force. Cette force se veut cérébrale, intransigeante, froide. Elle annule, au sens strict du terme, le discours de l’autre. Mais là où elle est surprenante, c’est qu’elle vise à prouver non pas seulement la primauté de son intelligence, mais la primauté de sa sensibilité. Et cette primauté est hantée par le désir de ressembler au Christ, qui lui a dit férocement la vérité, tout en étant la sensibilité, c’est à dire le cœur du monde, l’âme.

mercredi 29 août 2018

Psychologie idéaliste



Un autre exemple de psychologie métaphysique ou idéaliste est celui de Blaise Rosnay qui me dit : « Portes-toi bien, c’est ça l’important ». Tout d’abord, on ne peut noter qu’une vague adresse amicale, en tous cas rien de sincère, puisqu’il ne s’agit là que d’une abstraction idéaliste qui vise à se faire croire qu’en général on souhaite le bien de l’autre. Mais dans le fond, comme tout acte de morale idéaliste, je pense que seul le ressentiment voire une mauvaise intention se trame derrière cette adresse. Je suis convaincu qu’il s’agissait d’abaisser, alors qu’une réelle intention d’amicalité sincère aurait été toute différente. Je ne m’attarderai pas ici sur les raisons qui me font penser cela, mais tout m’indique qu’en dehors du truchement idéaliste, il y a au contraire un désir d’assigner l’autre à son malheur, de le lui souhaiter, et de se réjouir de son bonheur à soi. Dans le fond, la psychologie idéaliste n’est qu’une incantation.

Quête


Je me demandais si mon père calculait ses propos destructeurs. Mais non, il saisit seulement l’occasion, sans se comprendre lui-même. Opaque à lui même, il ne peut que chercher un sens à sa vie, dans une quête spirituelle. Mais ceux-là ne cherchent pas la vérité à vrai dire, il cherchent la réalité qu’ils ne possèdent pas, et cette réalité pourtant, ne leur dirait pas non plus qui ils sont, mais leur ferait juste sentir le monde. Voilà la quête. Or les gens de quêtes s’obscurcissent sans comprendre qu’il n’y a rien à trouver, mais tout à sentir. Ils ne savent pas qu’ils recherchent la réalité, mais travestissent cela sous le nom de vérité.

Censure


Un censeur est par définition quelqu’un qui se censure lui-même. Son engouement à falsifier la réalité a pour origine la sienne propre. Ayant du mal à se connaître, il pense poser les limites adéquates. Mais cela n’est qu’un symptôme d’une peur essentielle.
Le caractère officieux qu’il prend sur les choses est également symptomatique du mensonge : il faut mentir pour vivre, et déclarer des choses qui ne concernent que soi. Or son auditoire, qui n’est pas concerné, prend cela à la légère et avec indifférence. Il y a pourtant une victime de ce caractère officieux : la personne censurée.

Mensonge


Le menteur se réfugie dans l’absolu, car il ne peut faire de lien entre les choses, il ne sait faire de liens entre les choses. A défaut de pénétrer une quelconque totalité, il se noie dans l’absolu qui est son contraire. Voilà l’origine de la religiosité. Encore qu’elle sache largement se confondre avec le réel, le fanatique quel qu’il soit utilisera du mensonge en guise dé vérité et pleinement conscient de son mensonge, sa pensée se délitera jusqu’au chaos. Il oublie alors, il oublie tout.

mardi 21 août 2018

Artificialité (Dubaï)

Est artificiel ce qui ne repose sur rien, ce qui ne construit rien, ce qui ne développe rien, ce qui ne contient rien. Des villes émergentes, aussi utopistes soient-elles, se confondent au désert d’où elles naissent. Le désert est peuplé, habité. L’artificialité est d’autant plus flagrante qu’elle nait dans un désert. Elle a en face d’elle ce envers quoi elle lutte. Cependant elle crée un espace vide de sens, de consistance, elle s’érige comme un dôme sans conviction, sans idée, sans Dieu. Elle ne respire pas, bien qu’elle fournisse tant d’effort à s’oxygéner, à parader, à se gonfler. Elle n’a pas véritablement de souffle, si ce n’est ses fondations tangibles, qui pourtant ne révèlent rien de ce qu’elle est : un vide de sens. On pourrait se sentir à l’aise parmi son aspiration futuriste ou utopique, mais il manque quelque chose pour que cela soit possible. Il lui manque la pensée, l’affrontement de la pensée, mais plus encore, le monde lui-même, et la sensibilisation qui dépend de ce monde. Il n’y a aucune place pour la réjouissance. Le monde est devenu ce qui l’a précédé : un espace où combat la matière et l’antimatière, une lutte acharnée sous des apparences de calme et de tranquillité.

lundi 20 août 2018

Progrès


Toute forme de progrès recherche, à terme, le plaisir, l’idée lointaine du bonheur. Ce que s’acharne le progrès à obtenir, voilà qui est parfaitement voilé, opaque. Car le progrès court vers quelque chose qu’il ignore. Et pourtant il a su précisément ce que c’était que cette chose qu’il veut atteindre. Cette chose lui a été donnée, originairement. Il l’a vécue, et il veut la vivre à nouveau, intensément, à défaut de l’avoir perdue. Cette chose qui le fait suer et qui le détend, quand ayant fini son travail il l’imagine toute proche, il la désire. Ce qu’il désire pourtant, est nécessairement brouillé, imprécis. Il l’a eu, il le connait, et il y pense tout le temps. Il y pense tellement qu’il l’oublie, mais son but l’anime, le possède. Cette chose originaire, il sait qu’elle lui a été donnée
Le grand malheur du progrès, c’est qu’il détruit lentement la chose originaire, et qu’il s’empêche totalement de la retrouver, à raison de l’avoir détruite. Il eût suffit qu’il cesse de s’activer, pour l’obtenir. Mais la chose eût été trop imprécise pour qu’il s’en contente. Il est plus facile de s’acharner à l’obtenir que de souffrir son absence. Le progrès est ce principe de destruction de la chose qu’il recherche, qui l’anime, et de création de son propre enfer chargé d’illusions. Ces illusions là ne le laissent pas tranquille, parce qu’elles ne sont pas claires, mais torturées : elles sont le principe d’inquiétude.

dimanche 19 août 2018

Foi


Le déisme ne cessera jamais de se manifester dans le temps, toujours en réaction à des manques d’humanités, des trivialités, des débauches. Mais cette manière qu’il a d’évoluer en réaction à ce vide laissé par la mort de Dieu est fondatrice de beaucoup d’autres choses. Le ressentiment reste le même et peu à peu, les déistes finissent par se rallier à la cause des non croyants. Leur ennemi devient l’élément vital, du moins en apparence, qui « pullule dans les rues ». Cet élément vital qui s’affiche est une provocation non pas à Dieu, mais au ressentiment qu’il suscite et à plus forte raison, au manque d’élément vital chez ceux qui ont en aversion cet élément. La vie s’affiche, mais qu’est-ce que cela signifie ? Personne ne s’y penche, déiste comme incroyants se retranchent dans des fondations qui sont de véritables arrières-mondes, justifiés par divers prétextes. Ces prétextes se contredisent largement parmi ceux qui crachent leur haleine à la face du monde. Cette haleine se répand, et les uns comme les autres fulminent face à une chose catégorisée qui ne signifie rien. Cette chose, avec du recul tout le monde comprend qu’elle est une formation de l’esprit, un crachoir nécessaire au ressentiment.
Parmi les déistes, il y a ceux qui persévèrent dans l’idéal de pureté et ceux qui sont en colère. Ceux qui sont en colère souffrent moins. Car rien n’est moins dur que de supporter ce qui n’est pas conforme à l’idéal de pureté ou au souverain bien. Ceux qui sont en colère crachent et fulminent avec l’accord de Dieu qui est un simple prétexte, et ils se servent de ceux qui souffrent tant pour appuyer leur haine. La foi est invisible, et la plupart des gens y pensent et se confient à cette chose invisible. Seulement la confusion règne parmi les esprits, et Dieu lui-même n’entre plus du tout en compte parmi ce jeu de haine qui s’élabore dans les cités, les sociétés. Chacun a son idée d’un Dieu qui le protège, et tout le monde est plus ou moins jaloux de son Dieu. La foi est quelque chose de très personnelle, et quand il s’agit d’intimité, on ne la partage pas. L’un des malentendus de la religion, c’est qu’elle nécessite un rapport intime à Dieu plus encore qu’une communication. La communication est une affaire plus humaine que divine.

samedi 18 août 2018

Ordre


Il faut savoir une seule chose. L’ordre sur lequel repose le monde n’a pas de fondements. Cet ordre est senti par tous les gens, et pourtant il ne repose sur rien, il peut voler en éclats, se disloquer. Cet ordre anime les esprits, il les échauffe, il les console, il les motive. Mais cet ordre pourrait tout aussi bien être une pure construction, une pure spéculation. Ses assises semblent tellement stables, et pourtant il n’en est rien. Viscéralement les gens respectent cet ordre et s’adonnent à lui. Les rites qui lui sont offerts sont la manifestation de sa puissance, de sa longévité. Mais il n’est rien en raison de ce qu’on ne peut percevoir, il n’est rien hors de lui-même. Il est tout en lui-même et dans la perception qu’on a de lui, mais il ne vaut rien, il n’explique rien, il n’est rien d’autre qu’un souffle qui peut virer à tout moment. Ce souffle qui anime les gens, animerait le cosmos ? Chaque découverte, fruit de cet ordre, nous en écarte, nous en éloigne. Il viendra un temps où cet ordre n’aura plus aucune signification, car il est dans la nature de cet ordre de nous faire comprendre et assimiler qu’il n’a rien d’un ordre naturel, qu’il ne nous a pas été donné, mais que nous l’avons construit.

Aurions-nous été les victimes de ce que nous avons perçu ou cru ? La réponse à la genèse de cet ordre est tout autant insoluble que son avenir. Aucune évidence ne peut nous éclairer sur son évolution ou son passé. Nous ne savons rien de ce dont nous sommes convaincus. Rien ne peut éclairer cette lumière. Nous vivons avec une conviction qui ne sait rien d’elle, nous jugeons de ses principes qui nous semblent les bons, les plus évidents. Nous jugeons nécessaire d’éduquer en vertu de cet ordre, mais déjà l’édifice s’ébranle, et déjà les sciences que nous avons décelées nous contredisent.

samedi 11 août 2018

Antiquité


Oui j’ai œuvré en fumant du cannabis. Par l’excès ou la folie en général, j’ai ouvert mon esprit. La schizophrénie que j’ai atteinte m’a permis de saisir beaucoup de chose. En ce qui concerne la pensée antique, j’ai pu la pénétrer aussi. L’image de ce qu’ont pu être Socrate ou Diogène, je l’ai formulée en moi, je l’ai conçue et vécue. Je me suis retrouvé dans leur parole, et j’ai pu voir le fossé qui s’est creusé dans la conception que l’on a de la sagesse de nos jours. Ces gens là étaient dissolus. Leur sagesse les guidait par le biais d’une folie purificatrice, et l’éclat de leurs propos était le symptôme de cette ouverture d’esprit que l’on a perdue. Leur voix était étrange, leur mode de vie bizarre et leur coutume totalement perdue, reniée depuis x progrès qui ont mis en pièce la pensée et la raison première, telle qu’elle fut formulée dans l’antiquité.

mercredi 8 août 2018

Déisme


Ces pseudo-spirituels jubilent de leurs affres et leur désir de castration. Ils croient en un Dieu créateur qui légitime leurs méfaits. Mais seule leur pulsion de mort les anime, et la vieille rancune envers ce qui ne dépend pas d’une structure invisible qui déciderait de nos actes.
Ceux qui ont de telles croyances ont la frousse de mourir et accusent la finitude. Ils croient en leur Dieu pour espérer de vivre. Mais d’autres croyants, peut-être les juifs plus que les chrétiens, manifestent d’avantage de joie dans leur soumission à Dieu. Ils espèrent l’égaler.

Baby Boom


La génération du baby boom garde son secret pour elle. Elle n’explique pas à ses propres enfants comment elle a pu accéder à un bonheur valide. Ce bonheur a été le fruit d’une réflexion et d’une évolution qui est aujourd’hui bloquée, enrayée, et cette génération sait pertinemment comment l’obtenir, seulement elle le cache, car elle ne veut pas que ses enfants soient seuls face au monde, seul face au golem. Ce Golem c’est le capital, et nos parents ayant perdu la partie, ils cachent leur bonheur à leurs enfants. On pourrait dire qu’on ne souhaite jamais le meilleur à ses enfants, c’est vrai, mais on souhaite aussi qu’ils ne se fracassent pas sur la paroi de notre échec. Et l’échec de nos parents, c’est qu’ils n’ont pas réussi à proposer autre chose que le capital. Le capital, cette autre forme de secret qui désensibilise, est la seule chose permise. Ce qui n’est pas permis, c’est le bonheur tel qu’il a pu être conçu par nos parents jaloux, et peut-être soucieux de notre réussite.

vendredi 3 août 2018

C


Le clitoris est l’organe de l’exposition et de l’abandon au monde brut, des impressions aussi bizarres, étranges et variées que sa morphologie, sa géographie. Cet assujettissement se laisse dériver, dérouter par les accidents, les vents, les changements que le monde impose. Et tout le plaisir est dans ce changement, cette capitulation. Autant que le monde tourne et s’impose, l’organe est en effervescence.

Le monde est perçu, subi. Le sentiment qu’il inculque est un indéniable plaisir premier, traversant les âges, mais d’autant mieux mis en valeur que l’époque le permet. Le plaisir évolue, change, mais son axe de rotation reste ce plaisir à la merci du monde qui dure autant que la puissance de soumission à son emprise est forte. Avoir la force de s’offrir au monde et de le recueillir est le moyen d’obtenir ses faveurs si subtiles, si volatiles tout en étant dominées par le noyau de la terre.

Corps et espace contemporain

Certains des plus ignares de notre jeunesse participent à certaines fêtes contemporaines, non pas pour assouvir leur désir, mais pour tenter d’avoir du désir. Ils n’ont pas, à proprement parler de désir, mais veulent en avoir. Les corps qui s’exhibent sans tabous sont une superbe image du désir qui s’annule, qui est impossible. Leur désir n’est plus qu’un fantasme du désir, une vague et nébuleuse perception de ce que pourrait être le désir et qu’ils ne peuvent obtenir. Rien ne leur manque, sauf le désir.
Mais ces gens là sont l’objet du capital et du puritanisme. Le puritanisme les entretient, et ils l’entretiennent également. Le puritanisme est dans son essence la négation des corps, et ces gens là sont également la négation des corps, mais en quelque sorte de manière inversée. Ils sont l’impossibilité d’avoir un corps, de vivre un corps. Ils sont dissociés de leur corps. Leur esprit ne fait pas corps, leur esprit est séparé de ce qu’ils ne peuvent réaliser : leur propre corps. Ils ne peuvent le faire fusionner avec ce qu’ils désirent lointainement, ce qu’ils pensent être le désir réalisé et que le puritanisme leur a interdit. Ils perpétuent en quelque sorte l’interdit jusqu’au bout, jusqu’à ce que l’interdit leur soit attribué dans la pleine expression du corps, et que l’impossibilité de le faire interagir avec quelque chose d’extérieur soit atteint. Voilà la complaisance du puritanisme : avoir fait des guerriers de la négation du corps.
Le capital, ou par extension l’industrie du service est un moyen de suppression du corps. Le corps immergé dans le service n’est plus un corps, puisque le service le remplace. L’un des paradoxes du monde réduit au service est le culte du corps. Car le corps se venge de n’avoir plus d’utilité en se surajoutant au réel, en se surexposant. Pourtant ce n’est plus tout à fait le corps, car il ne fait plus corps avec le monde. Il est juste un luminaire indiquant sa fin prochaine, son abolition. Il n’est pas ou plus connecté avec ce qui l’entoure, il est réduit à lui-même, et s’affiche comme un totem. Il tente de résoudre sa propre énigme : sa disparition générée par le capital.

Impulsivité


L’impulsivité est une forme de contenant, quand le contenu est vide. Ce vide de contenu s’exprime par le déni et l’agressivité. Les chimères qui peuplent l’esprit des impulsifs les vident de tout contenu. Le contenant ou l’impulsivité est le signe de ce vide de contenu, il est comme la bogue épineuse qui entoure un marron absent, détaché de sa bogue, perdu.
Les impulsifs ne vieillissent pas, leur contenant bloque leur contenu. Ils sont à la solde de leurs chimères et leur impulsivité les préserve de toute évolution. Mais leurs chimères les vident toujours un peu plus, et grossissent à mesure que leur contenu disparaît, au profit de l’impulsivité.

Imagination


L’imagination provient d’un surplus de questionnement sur le monde et d’une stimulation face à sa beauté ou son énigme. C’est une manière de désengorger le flux de désespoir ou d’incompréhension qui peut advenir entre l’homme et le monde. L’image est une construction face à l’énigme. C’est une manière de rationaliser le monde qui ne se dévoile pas, notamment quand les mots sont impuissants à le faire. C’est donc un acte de rationalisation. Il est certain que l’image précède les mots et qu’elle est la première relation de l’homme avec le monde. Elle n’est pas plus trompeuse que les mots, d’autant plus qu’elle les précède.

lundi 25 juin 2018

Sentiment


Aristote parle d’âme, de sensation et d’intellect, mais ne parle jamais de sentiments, ce qui est très significatif. Car le sentiment, qui s’est forgé au fil des siècles, par exemple avec le roman de Tristan et Iseult ou la relation d’Héloïse et Abélard, le sentiment est à n‘en pas douter la conjonction de la sensation et de l’âme. C’est d’une logique aristotélicienne.

jeudi 21 juin 2018

Spinoza


Spinoza a fait mouche avec ses théories sur l’affectivité, ce qui était pour l’époque très honorable. Seulement aujourd’hui on le lit sans prendre en compte l’évidence : c’est le mental qui coordonne l’affectivité. Sans lui rien d’agréable ne subsiste. Par conséquent terminons-en avec cette stupide posture de l’affectivité comme ordre des choses. Les choses se transcendent par le mental. Le mental est le garant de l’affection.

dimanche 25 mars 2018

Spiritualité et archaïsme


La fonction spirituelle a toujours été administrée. Avant que les poètes, les philosophes et les religieux (c’est à dire les « prophètes »), aient existé ce sont les chamans, ou sorciers qui occupaient cette fonction. Il n’y a rien de mieux à dire que lorsqu’on est passé de l’âge archaïque à l’antiquité (intervention de la raison), ceux dont j’ai parlés ont repris cette fonction et ces caractères. En quoi cela consistait-il ? Cela consistait à voir, saisir, et sentir le monde, sûrement le comprendre aussi, bien que cela puisse surprendre, car voir et sentir, c’est comprendre. Quand un sorcier vacille à la vue de quelqu’un, en bien ou en mal, c’est qu’il a le don de comprendre qui est en face de lui. Ce qui passe pour folie est pourtant l’origine de la philosophie, de la religion et de la poésie.

mercredi 21 mars 2018

Progressisme


Il est difficile d’utiliser un mot adéquat pour définir ce que veulent les progressistes. Ce n’est ni la pureté ni la saleté, ni le rêve ni le réalisme ordinaire, ni la vulgarité ni l’affèterie, ni la misère ni la richesse. Ils veulent en quelque sorte une réalité brute, ni souillée ni immaculée, le plaisir brut, le désir brut mais qui ne soit pas le plaisir pour le plaisir ou le désir pour le désir. Cela ne doit pas être non plus purement esthétique, ni pleinement spirituel. Une sorte d’immanence indéfinissable, ni passéiste ni utopique. Cette chose, car c’est bien une chose, un phénomène, existe pourtant. On pourrait la placer du côté du rimbaldisme. Mais les progressistes se trompent fondamentalement sur une chose, qui a trait au rimbaldisme. C’est que le rimbaldisme, ou plutôt Rimbaud lui-même, avait conscience que c’est de la misère, la violence, la petitesse, que nait le génie, la création et le bonheur vrai. Par conséquent l’idée de transformer une société pour parvenir à cela est impossible, voire stérile. Il faudrait prendre conscience que c’est de la misère ambiante, de la vulgarité des gens, inchangeable, que naissent les conditions de l’exception. Cette exception a bien été saisie par les progressistes, mais pas ses fondements. En vérité les progressistes façonnent le lit de ce qu’ils combattent par leur combat lui-même. Ou bien ils aggravent la condition misérable de l’homme par leur visibilité, ou bien ils aseptisent la réalité des choses par leurs agissements.

lundi 12 mars 2018

Nietzsche


Nietzsche annonce t-il la fin de l’âme, avec sa fin de Dieu ? Est-ce là un départ pour le culte du corps, pour la cessation de l’âme, pour la destruction des idoles et de l’au-delà. Tourner en ridicule ce qui semble une aberration, et faire du corps et de l’esprit les seuls ingrédients de l’être. Être tout puissant, soi, corps, sensualité, comme manière d’appréhender le monde, avec une volonté de puissance comme moteur, plutôt qu’une âme.
Pourtant Nietzsche rejette la science tout autant, et son culte, sa possible gouvernance sur l’homme. Car elle le dénaturerait également. A quoi donc tient Nietzsche ? Pas non plus au règne animal, mais au règne d’une puissance terrestre, élémentaire, humaine supérieure. A quoi se réfère cette supériorité, quel est son ancrage ? Au-delà des lumières et de l’humanisme, une idée de Culture non utopique, non religieuse. Il faudrait se recueillir sur les éléments du monde, les impressions du vivant, pour avancer sereinement, sans jamais faillir. Faudrait t-il qu’il n’y ait aucun autre socle que l’instinct vital ? Mais cet instinct : humain, animal, tanshumain ? Y a t-il des divergences entre les natures vivantes, doit-on les dépasser ou les préserver ? Peut-être une certaine énigme du vivant viendrait résoudre ce questionnement, une manière d’activer l’homme et de le mouvoir qui n’aurait pas une âme pour origine, mais une force terrestre, qui aurait sa justice inhérente, et même sa morale.

vendredi 9 mars 2018

Monde sensible



Les sentiments les plus fins s’amassent, et une fois agglomérés entre eux, ils forment une épaisse couche. Celle-ci, si on ne sait s’en dégager, est le propre de la vulgarité. Ceux-là qui se réclament du corps sensible sont souvent les bouchers d’eux-mêmes, s’appuyant sur des chimères sensorielles, des sentiments amassés pour en produire la caricature indifférente, et semer la vulgarité et le culte du corps lorsque plus rien en eux n’adhère à la véritable forme sensible.

dimanche 4 mars 2018

Nietzsche et Socrate


On peut penser que Nietzsche haïssait Socrate. Parce que Socrate part d’un principe humain, et en fixe les bases, lorsque Nietzsche veut retourner aux instincts, et faire fi de toute l’origine de la philosophie. Mais Nietzsche se trompe, car avant Socrate, il n’y a rien d’heureux, car les instincts ne prouvent aucun bonheur, tandis que Socrate alimente le bonheur vers ce que Nietzsche pensait à tort être une déviance. Mais nous sommes condamnés à être humains, et c’est tant mieux. On ne saurait jamais trop être humain, et je m’adresse à Nietzsche, que toute forme de bonheur prend ici sa source, et que la civilisation sous toutes ses formes est cette source, qui alimente tout ce que pourtant Nietzsche adorait sous le nom de culture.

samedi 24 février 2018

Camus


Camus est doué de ce réalisme porteur, voire romantique. Le chapitre sur les jeux d’enfants de son dernier roman est merveilleusement décrit. Les enfants font avec la misère, et se distraient par les moyens qu’elle donne. Et au final, ils sont repus de ce que leur offre le monde et leur terrain de jeux. Ils ne demandent rien de plus. Eloge de la simplicité, de la misère comme refuge et comme témoin de l’homme. Or ce monde que décrivait Camus, il tend à disparaître, car l’homme veut faire cesser la misère. Mais pour cela, qu’elle nouvelle misère il emploie ! Il dénature l’homme, s’isole, ne s’amuse plus de rien de convenable. Et la richesse, comme on nous a souvent mis en garde dessus, devient l’ennemie de la sagesse.

mercredi 21 février 2018

L'homme et la nature


Le fait d’être en rapport sensoriel avec le monde, de le toucher, ou le sentir, est un processus d’humanisation, voire une déviance typique de l’homme. C’est un peu comme un chat qui ronronne, bien que les animaux sauvages aient peu de loisir de le faire. Mais l’homme va plus loin, il poétise le monde et il s’attarde à fonder sur ses impressions une science : le règne du sensible. Cette manière d’aimer et appréhender le monde est comme la crème de la nature, humaine seulement. Nietzsche en a été en quelque sorte le chef de file, il a opéré une science purement humaine, s’écartant de la nature, car la nature est brutale et ne permet pas à l’homme de convoquer sa sensibilité pour survivre.

samedi 17 février 2018

L'âme et le corps


La philosophie antique séparait l’âme (psyché) du corps (soma). Psyché a donné psychisme, et soma, somatique. Majoritairement, les philosophes de l’antiquité faisaient l’éloge de l’âme face au corps. Certains méprisaient le corps, d’autres étaient mitigés, d’autres encore y voyaient une qualité similaire à celle de l’âme.
Le problème que nous rencontrons aujourd’hui vient de la science. Celle-ci nous explique qu’il n’y a pas de psyché (l’âme), mais que du soma (le corps). Le cerveau étant un organe comme un autre, faisant partie du corps, et l’âme étant une fiction, une invention. La science prévaut donc sur la pensée humaine, et tout le monde en pâtit. Le monde régresse et se dégrade, sans que l’on puisse y porter un recours. Car les hommes, en grande majorité, sont infiniment crédules. Ils ne peuvent se faire à l’idée que la science ait tort. Mais en vérité, la science n’expliquera jamais le monde dans sa totalité, car elle évolue en permanence, elle n’est pas stable. La sagesse consiste donc à croire en ce qui est bon pour l’homme, par son intuition et sa raison, et non par la science, qui ne devrait que les confirmer (et d’ailleurs c’est ce qu’elle fait).
On accuse parfois Descartes d’être à l’origine de ce scientisme, mais c’est une erreur car Descartes, malgré sa croyance en la science, croyait également en l’âme, comme principe humain. Il l’a située dans une partie du cerveau, ce qui semble aujourd’hui farfelu, mais là n’est pas l’essentiel. Qui sait ce que nous dira la science sur l’âme ou une possibilité de l’âme dans un futur proche ou lointain, si tant est qu’on ne croit qu’en la science.
Enfin, j’aimerais finir sur la pensée nietzschéenne. Nietzsche est en quelque sorte l’apothéose ou le dernier éclat de la philosophie antique. Il aimait profondément les philosophes antiques, et voyait dans cette philosophie comme une révolution pour le monde moderne. Son Zarathoustra couronne la philosophie antique, et le rêve de Nietzsche était d’y apporter un point final. Hélas, les philosophes qui l’ont suivi et se réclamaient de lui, les post-nietzschéens, puis les philosophes du vingtième siècle, notamment français, se sont écartés de sa pensée à ce point qu’il le trahissaient en partie : ils réfutaient la pensée antique, et s’attachaient à une pensée artificielle qui est à l’origine du culte de la science et du discrédit de l’âme.

lundi 12 février 2018

Science


La science existe elle ? La seule vertu qui soit est la prescience, le reste n’est qu’un attirail superflu, nécessairement assujetti à l’homme, qui est la seule chose qui soit. Son intuition a déplacé les montagnes de la croyance, pour atteindre les cimes de la vérité. La prescience qui n’est que l’étincelle de cette vérité, se vérifie par la science qui est son application. Certes on peut avouer que la science existe. Mais a t-elle vraiment une vérité intrinsèque ? Non, car elle n’est jamais définitive, et qu’elle dépend de la conscience humaine, qui lui donne sa raison, son efficience. Elle n’est rien en tant que tel. Elle sauve des vies, guérit des maladies, construit d’imposantes machines, mais elle n’est que le reflet lointain de sa mère la prescience humaine.

lundi 5 février 2018

Modernité


La modernité n’a rien à voir avec l’état d’avancée technologique d’un pays. La modernité est un état d’âme, hérité de l’antiquité. C’est en quelque sorte la crème d’une civilisation, ce qui dépasse du cadre mécanique des choses. Est moderne une société où l’on exprime clairement les bénéfices que tire l’homme de sa relation à cette société, ce regroupement d’individus. La pensée, les arts et les sciences en témoignent. Mais surtout l’état de cette société, l’ambiance qui est la sienne. Une civilisation comme aujourd’hui où la majorité des gens survivent parmi des progrès technologiques sans cesse croissants sans rien en tirer, sans enthousiasme et sans cohésion est une civilisation fichue. L’état de confort et les services qu’apporte la science ne témoignent en rien de la qualité de vie et de la modernité d’un pays. Au contraire, nous vivons aujourd’hui dans une société totalement archaïque, où rien de supérieur, où aucune des qualités propres à la modernité qui ont été amorcées depuis des siècles ne portent leur fruit. Notre civilisation a totalement régressé ces dernières décennies.

mardi 23 janvier 2018

Bouddhisme et métaphysique


Je comprends bien pourquoi Bouda ne se souciait pas de métaphysique. C’est qu’il dit des choses très troublantes. L’impermanence, et sa figure du fleuve qui n’est jamais le même, face à quoi ? La permanence ? N’est-ce pas un fleuve aussi, qui coule, une fluidité ? L’impermanence bouddhique est le fait de n’être sollicité par aucune chose.  N’est-ce pas un principe de non stimulation, une forme dépressive tel que l’entendaient les romantiques ? D’où viennent quiétude et compassion, si on n’a pas d’attaches au monde ? Il y a un lot de mystère dans le bouddhisme qui ne s’appuie sur rien qu’une croyance en la délivrance des malheurs.

Weil et Nietzsche


Ce que dit très bien Weil, c’est que la joie est le symptôme de la dépression, qu’elle n’est que le revers et le terrain de la douleur. La joie chrétienne a donc pour parti pris l’inextricable souffrance humaine, la douleur qui est partout et qui ne peut être vaincue. Cette vision du monde, progressivement, atteint toutes les sphères de la vie et de la pensée. Or Nietzsche propose bien au contraire que la joie, ou plutôt l’extase et la psychose, soient certes équivalentes, mais soient orientées vers la vie comme principe de bonheur. A terme, c’est la détresse qui devient le symptôme de la joie, et non l’inverse.

dimanche 21 janvier 2018

Pornographie



Là où la pornographie sévit de plus en plus, sévit à côté un puritanisme de plus en plus sévère. Ce puritanisme peut se manifester soit par la religion, soit par le progressisme, soit par la morosité générale. Dans tous les cas, il n’y a pas de place pour une pensée vraiment libre.

L’origine de la pornographie contemporaine prend sa source dans le puritanisme américain des années 50. C’est un symptôme qu’elle soit née d’une négation des corps, et qu’elle continue, à sa manière, de les nier. Tout comme le poids de l’interdit était trop fort, son émancipation, si l’on peut dire, s’est avérée trop forte aussi.

Mais plus la pornographie a évolué, car elle est nécessaire, plus elle a élargi le spectre du puritanisme et plus elle a muté à son tour, pour assouvir sans cesse plus la haine des corps dont elle est victime.

Le puritanisme initial était lui, d’une part orienté vers le système économique libéral, d’autre part vers la religion. Ces deux principaux facteurs ont, par leur essence, alimenté ce qui s’apparente à des corps symboliques, privés d’une véritable chair. La pornographie, au fil de son évolution, a témoigné de cette absence de chair.