La fonction spirituelle a toujours été administrée. Avant
que les poètes, les philosophes et les religieux (c’est à dire les
« prophètes »), aient existé ce sont les chamans, ou sorciers qui
occupaient cette fonction. Il n’y a rien de mieux à dire que lorsqu’on est
passé de l’âge archaïque à l’antiquité (intervention de la raison), ceux dont
j’ai parlés ont repris cette fonction
et ces caractères. En quoi cela consistait-il ? Cela consistait à voir,
saisir, et sentir le monde, sûrement le comprendre aussi, bien que cela puisse
surprendre, car voir et sentir, c’est comprendre. Quand un sorcier vacille à la
vue de quelqu’un, en bien ou en mal, c’est qu’il a le don de comprendre qui est
en face de lui. Ce qui passe pour folie est pourtant l’origine de la
philosophie, de la religion et de la poésie.
dimanche 25 mars 2018
mercredi 21 mars 2018
Progressisme
Il est difficile d’utiliser un mot adéquat pour définir ce
que veulent les progressistes. Ce n’est ni la pureté ni la saleté, ni le rêve
ni le réalisme ordinaire, ni la vulgarité ni l’affèterie, ni la misère ni la
richesse. Ils veulent en quelque sorte une réalité brute, ni souillée ni immaculée,
le plaisir brut, le désir brut mais qui ne soit pas le plaisir pour le plaisir
ou le désir pour le désir. Cela ne doit pas être non plus purement esthétique,
ni pleinement spirituel. Une sorte d’immanence indéfinissable, ni passéiste ni
utopique. Cette chose, car c’est bien une chose, un phénomène, existe pourtant.
On pourrait la placer du côté du rimbaldisme. Mais les progressistes se
trompent fondamentalement sur une chose, qui a trait au rimbaldisme. C’est que
le rimbaldisme, ou plutôt Rimbaud lui-même, avait conscience que c’est de la
misère, la violence, la petitesse, que nait le génie, la création et le bonheur
vrai. Par conséquent l’idée de transformer une société pour parvenir à cela est
impossible, voire stérile. Il faudrait prendre conscience que c’est de la
misère ambiante, de la vulgarité des gens, inchangeable, que naissent les
conditions de l’exception. Cette exception a bien été saisie par les
progressistes, mais pas ses fondements. En vérité les progressistes façonnent
le lit de ce qu’ils combattent par leur combat lui-même. Ou bien ils aggravent
la condition misérable de l’homme par leur visibilité, ou bien ils aseptisent la
réalité des choses par leurs agissements.
lundi 12 mars 2018
Nietzsche
Nietzsche annonce t-il la fin de l’âme, avec sa fin de Dieu ?
Est-ce là un départ pour le culte du corps, pour la cessation de l’âme, pour la
destruction des idoles et de l’au-delà. Tourner en ridicule ce qui semble une
aberration, et faire du corps et de l’esprit les seuls ingrédients de l’être.
Être tout puissant, soi, corps, sensualité, comme manière d’appréhender le
monde, avec une volonté de puissance comme moteur, plutôt qu’une âme.
Pourtant Nietzsche rejette la science tout autant, et son
culte, sa possible gouvernance sur l’homme. Car elle le dénaturerait également.
A quoi donc tient Nietzsche ? Pas non plus au règne animal, mais au règne
d’une puissance terrestre, élémentaire, humaine supérieure. A quoi se
réfère cette supériorité, quel est son ancrage ? Au-delà des
lumières et de l’humanisme, une idée de Culture non utopique, non religieuse.
Il faudrait se recueillir sur les éléments du monde, les impressions du vivant,
pour avancer sereinement, sans jamais faillir. Faudrait t-il qu’il n’y ait
aucun autre socle que l’instinct vital ? Mais cet instinct : humain,
animal, tanshumain ? Y a t-il des divergences entre les natures vivantes,
doit-on les dépasser ou les préserver ? Peut-être une certaine énigme du
vivant viendrait résoudre ce questionnement, une manière d’activer l’homme et
de le mouvoir qui n’aurait pas une âme pour origine, mais une force terrestre,
qui aurait sa justice inhérente, et même sa morale.
vendredi 9 mars 2018
Monde sensible
Les sentiments les plus fins s’amassent, et une fois
agglomérés entre eux, ils forment une épaisse couche. Celle-ci, si on ne sait
s’en dégager, est le propre de la vulgarité. Ceux-là qui se réclament du corps
sensible sont souvent les bouchers d’eux-mêmes, s’appuyant sur des chimères
sensorielles, des sentiments amassés pour en produire la caricature
indifférente, et semer la vulgarité et le culte du corps lorsque plus rien en
eux n’adhère à la véritable forme sensible.
dimanche 4 mars 2018
Nietzsche et Socrate
On peut penser que Nietzsche haïssait Socrate. Parce
que Socrate part d’un principe humain, et en fixe les bases, lorsque Nietzsche
veut retourner aux instincts, et faire fi de toute l’origine de la philosophie.
Mais Nietzsche se trompe, car avant Socrate, il n’y a rien d’heureux, car les
instincts ne prouvent aucun bonheur, tandis que Socrate alimente le bonheur
vers ce que Nietzsche pensait à tort être une déviance. Mais nous sommes
condamnés à être humains, et c’est tant mieux. On ne saurait jamais trop être
humain, et je m’adresse à Nietzsche, que toute forme de bonheur prend ici sa
source, et que la civilisation sous toutes ses formes est cette source, qui
alimente tout ce que pourtant Nietzsche adorait sous le nom de culture.
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