mercredi 6 mai 2015

Le nihilisme américain


Comme nous l’avons vu le nihilisme américain a puisé sa source dans le puritanisme, fondé sur le capitalisme d’une part et la religion de l’autre. Ce même nihilisme américain tel qu’il a évolué, a donné cours à une déshumanisation progressive et une capitalisation ou mécanisation de la société, fondée originellement sur l’état de nature. L’un des paradoxes principaux est que ce puritanisme ne pouvait que se dissoudre de par son nihilisme intrinsèque et amener à ce qu’on appelle peut-être à tort la décadence (dont le point paroxystique est la pornocratie). Or il s’agit toujours de puritanisme d’une certaine manière, c’est à dire d’un mode de vie nihiliste et capitalistique. Le second paradoxe est la réaction que ces valeurs nouvelles (qui sont à vrai dire la conséquente des premières) génèrent dans la société, à savoir un retour à la religion et aux valeurs puritaines. Ce processus, aussi absurde qu’il puisse paraître, n’est en réalité qu’une sorte d’accélérateur, une manière de tuer ce qu’on a soi-même engendré pour ne surtout pas dévier de sa trajectoire. Car si déviance il y avait, il n’y aurait plus puritanisme, ou voie vers le nihilisme.
Où se situe la source du nihilisme chez l’homme ? Certainement dans la peur de mourir, telle que par ailleurs elle n’a cessé de hanter les civilisations jusqu’à la nôtre. Or les moyens technologiques qui lui ont été donné ont dépassé l’éthique et le respect de l’état de nature pour s’orienter vers un désir aveugle. Les moyens qui permettent à ce désir de s’accomplir ont actuellement toute la permission imaginable. Et cette peur, qui en définitive n’en finira jamais, alimentera incessamment la marche vers le nihilisme. Si l’on se porte pourtant vers certaines civilisations antiques, ou modernes, on observera ô combien les choses eurent pu prendre un autre cours. Mais cette peur première, peur de la vie bien plus que peur de mourir, ce terreau de négativités qui est le lot du commun, ne pourra jamais dans la marche au nihilisme basculer vers l’autre camp, celui de la vie. Du fait que la philosophie ait été désertée, que les gens de pouvoir n’en aient aucune, que le peuple n’en demande pas, il n’y a quasiment plus de chance pour que les forces de la raison ou le respect de l’état de nature puissent s’orienter vers une civilisation idéale. Pour un seul penseur, mille effrayés. Mille manières de se tourner vers la religion, de croire bêtement, et de se tourner les pouces avant de mourir.