Nous voyons souvent des fanfarons tels monsieur Todd agiter
leurs plumes, fanfaronner du bout de leur bec étroit sur l’Allemagne, sur le
nazi qui dort dans chaque Allemand. Soit mais cela relève surtout de
l’éducation des Français et des occidentaux. Pourquoi donc tous les petits
esprits vides suivent ces fanfaronnades et dansent autour du chef de basse
cour, dès que l’envie le prend d’exhiber son plumage ? La réponse est très
simple : c’est qu’ils ne connaissent qu’une tranche partielle de l’Histoire
s’étalant sur six années. Ce qui d’ailleurs ne relève pas de leur seule
responsabilité : on ne retient certainement que la seule chose qu’on a mis un
zèle particulier à nous inculquer. Zèle, ou plutôt ambiance certaine, feutrée,
intimiste. Voyez-vous nous dit-on du coin de l’œil, il s’est produit la chose
la plus singulière qui soit durant cette courte période (qui dans la perception
du petit enfant constitue l’Histoire entière sachons le, je dirais même
l’Histoire définitive), et cela est sorti du cerveau d’une seule et même personne,
le Mal incarné, le Mal déchainé ! Oh oui les jeunes nourrissons ou petits
enfants seront tout autant fascinés par cet homme étrange sorti d’un conte historique
qu’il a pu fasciner par ses harangues ! Voilà donc toute l’histoire, une
fois sorti vous pourrez profiter de la liberté qui est maintenant la vôtre, car
la bouche des vainqueurs vous le dira à chaque seconde : vous êtes
libres !
Mais qui sont donc ces vainqueurs, et quel bien suprême
ont-ils accompli ? J’aimerais d’abord parler du mal qui a été causé, et
qui une fois creusé s’avère être un moindre mal, puisque certains des
vainqueurs ont commis un mal semblable au même moment, tandis que d’autres
profitaient du mal régnant pour affuter le leur, et tandis qu’enfin d’autres
vainqueurs enchantés donnaient toute leur confiance et leur aide au mal
dominant. Parlons maintenant du bien tel qu’il a été distribué grâce à la
victoire sur le mal. Il faut être certain que toute victoire profite à un
intérêt, et que cet intérêt sera servi dans l’aliénation des esprits, du moins
le mensonge quotidien qui a terme, aboutira à un mal nouveau. Mais quel
intérêt ? L’intérêt du capital, des démocraties ? Mais non non cela
est un moindre mal. Il s’agit de l’intérêt qui agitera autant les foules que
notre cher grand mal historique, qui commettra des crimes aussi nombreux mais
bien mieux maquillés.
Comment est-ce possible demandons-nous maintenant, qu’une
telle chose ait lieu ? Voyez-vous nous apprenons à nos chers petits,
tellement petits que l’on pourrait leur faire croire n’importe quoi, où est le
mal, où est l’intérêt à servir (qu’on ne nommera sûrement pas, il est inclus
dans le mal à ne pas servir). Le surmoi nous y arrivons ! Combattez le et
vous deviendrez fou, servez le et vous serez enchantés, tout en servant sans le
savoir toute l’injustice qui a tant plus aux vainqueurs. Vous serez le plus
fier des soldats, et perpétuerez votre race le plus automatiquement possible,
convaincu du bien que vous possédez, de la cause inerte, ou cause sans cause
que vous défendez. Voilà donc comment s’élabore une civilisation, sur quel
mensonge elle prospère, afin, dira t-elle aux initiés, de répandre un moindre
mal ! Soit, mais toute civilisation est condamnée ce qui, il faut
l’avouer, n’est pas au programme du nourrisson, du moins pas de manière
évidente, sûr qu’il est que celle à laquelle il appartient est impérissable.