vendredi 15 septembre 2017

Deleuze


Deleuze prétend déceler la singularité en entrant dans le « différentiel », la question perpétuelle, qu’il nomme lui même éminemment virtuelle. Or c’est là tout l’inverse de la singularité. Celle-ci étant une relation stricte avec le monde, mais tout en restant humaine, c’est à dire avec les ressources du multiple. Deleuze en fin de compte, s’enlise dans une pensée plane qu'il prétend être singulière. La singularité, c’est Baudelaire, c’est Lautréamont, c’est Corbière ou qui sais-je, c’est une relation altérée d’avec le vrai dans son ensemble, tout en ayant conscience de son erreur tapie, mais en explorant le monde avec une pensée forte, et c’est de là que nait l’émotion, la construction, la création. Le monde ne serait pas ce qu’il est sans la création, sans l’erreur, et Deleuze n’aurait rien à penser si jamais personne ne s’était engouffré dans ces voies. Ces voies sont l’histoire et en fin de compte, l’histoire recèle toute la vérité, l’histoire sous toutes ses formes, de l’antiquité à nos jours.

mardi 12 septembre 2017

Deleuze


On voit bien dans les divers propos de Gilles Deleuze, que ce prétendu affranchissement des présupposés n’amène en rien à la liberté totale. Ce n’est qu’un vague apprentissage de déconstruction de la pensée. Ce genre d’appareil d’analyse est selon moi, l’opposé de la pensée de Nietzsche qui est une pensée forte et non recluse dans des féminités qui n’en sont pas. En supprimant les présupposés, vous supprimez et la culture, et le bonheur qui en émane. Vous entrez dans un bordel féminisé ennemi de la joie. En dissipant la culture, la pensée, vous enlevez cette surface miroitante propre à toute pensée, qui est vrai bonheur. Vous supprimez à peu près tout ce qui fait le charme de la pensée : la force et la conviction. Mais vous n’entrez pas dans une faiblesse sensible pour autant. Au contraire, vous l’assassinez, vous l'assainissez. La seule chose qui vous reste est une sorte de bourgeoisie obsolète qui tourne sur elle-même, et supprime la possibilité de culture et de création.

Attali


Les nantis incitent tout le monde à se dépasser, à se réaliser. Or pas tout le monde ne veut se réaliser. C’est un des principes de la réalisation que tout le monde ne se réalise pas. Et c’est là la volonté de la majeure partie des gens, de ne pas se réaliser. Car ce qu’ils veulent, c’est une sorte de résignation spirituelle, comme des figurants d’un tableau de Bruegel. Les choses sont très bien ainsi. Malheureusement, ces mêmes nantis, par le système libéral qu’ils prévalent pour que tout le monde se réalise, créent les conditions de l’échec, de l’inégalité, du chômage, de la dépression. Par leur moi exacerbé comme une outre, ils sont en réalité les garants de la déshumanisation du monde.

Jalousie


Je crois que tout simplement, c’est nous qui sommes responsables du nihilisme et de l’ignorance des jeunes d’aujourd’hui. Cela se répète tout le temps, mais cela atteint un seuil. Le fond de ma pensée est qu’ils ne sont en rien responsables de leur malheur, mais que c’est que nous, gâtés par l’âge qui nous a ôté l’amour et l’espoir, nous nous efforçons à ce qu’il n’advienne pas chez les jeunes, en les privant de tout notre savoir et notre expérience. Ainsi, en nous plaignant de leur ignorance, nous jouissons de ce qu’ils ne touchent jamais l’amour, ni rien de ce que nous avons vécu. N’est-ce pas là le principe de la jalousie ?

dimanche 10 septembre 2017

Âme


Plotin, philosophe de l’antiquité grecque faisait partie de cette tradition première de la division entre l’âme et le corps. Cependant, il apparaît qu’elle n’est pas si évidente. Plotin explique que les formes physiques et sensibles peuvent se concilier avec l’âme. Ou plutôt, qu’un esprit avisé voit dans ces formes l’âme qui est derrière, sans aucun intercesseur. Cette fusion entre de ces deux entités est de ce fait toute proche de la philosophie nietzschéenne, qui se garde de marquer une division entre elles, et voit le domaine purement spirituel, détaché du corps, comme un arrière monde. Ne nous trompons donc pas sur les anciens, ils étaient, à leur manière, des précurseurs du sentiment moderne du vivant.

Révolutions

Hannah Arendt écrit, dans la partie De l’autorité de son essai Crise de la culture, que les révolutions s’orientent vers un regain d’autorité, elle-même issue de la fondation de Rome et de l’orientation des anciens vers le passé comme vecteur d’autorité. Or toutes les révolutions ne sont pas orientées vers le passé, l’acte de la fondation. Certaines révolutions ultérieures ont eu un caractère d’avantage rimbaldien. Rimbaud en effet, « fondait » son désir de révolution, ou plutôt l’orientait vers l’avenir. C’est ainsi que les fondations ont volé en éclats, et se sont dissoutes en quelque chose d’imperceptible, et disons, d’inavouable. Aucun de ces nouveaux révolutionnaires n’a pu expliquer sereinement ce qui l’habitait, ni former un concept clair. Mais surtout est apparue une méfiance envers l’idée de révolution d’un nouvel ordre : celle du caractère euphorique et infantile des révolutionnaires.