mardi 23 janvier 2018

Bouddhisme et métaphysique


Je comprends bien pourquoi Bouda ne se souciait pas de métaphysique. C’est qu’il dit des choses très troublantes. L’impermanence, et sa figure du fleuve qui n’est jamais le même, face à quoi ? La permanence ? N’est-ce pas un fleuve aussi, qui coule, une fluidité ? L’impermanence bouddhique est le fait de n’être sollicité par aucune chose.  N’est-ce pas un principe de non stimulation, une forme dépressive tel que l’entendaient les romantiques ? D’où viennent quiétude et compassion, si on n’a pas d’attaches au monde ? Il y a un lot de mystère dans le bouddhisme qui ne s’appuie sur rien qu’une croyance en la délivrance des malheurs.

Weil et Nietzsche


Ce que dit très bien Weil, c’est que la joie est le symptôme de la dépression, qu’elle n’est que le revers et le terrain de la douleur. La joie chrétienne a donc pour parti pris l’inextricable souffrance humaine, la douleur qui est partout et qui ne peut être vaincue. Cette vision du monde, progressivement, atteint toutes les sphères de la vie et de la pensée. Or Nietzsche propose bien au contraire que la joie, ou plutôt l’extase et la psychose, soient certes équivalentes, mais soient orientées vers la vie comme principe de bonheur. A terme, c’est la détresse qui devient le symptôme de la joie, et non l’inverse.

dimanche 21 janvier 2018

Pornographie



Là où la pornographie sévit de plus en plus, sévit à côté un puritanisme de plus en plus sévère. Ce puritanisme peut se manifester soit par la religion, soit par le progressisme, soit par la morosité générale. Dans tous les cas, il n’y a pas de place pour une pensée vraiment libre.

L’origine de la pornographie contemporaine prend sa source dans le puritanisme américain des années 50. C’est un symptôme qu’elle soit née d’une négation des corps, et qu’elle continue, à sa manière, de les nier. Tout comme le poids de l’interdit était trop fort, son émancipation, si l’on peut dire, s’est avérée trop forte aussi.

Mais plus la pornographie a évolué, car elle est nécessaire, plus elle a élargi le spectre du puritanisme et plus elle a muté à son tour, pour assouvir sans cesse plus la haine des corps dont elle est victime.

Le puritanisme initial était lui, d’une part orienté vers le système économique libéral, d’autre part vers la religion. Ces deux principaux facteurs ont, par leur essence, alimenté ce qui s’apparente à des corps symboliques, privés d’une véritable chair. La pornographie, au fil de son évolution, a témoigné de cette absence de chair.