Je suis convaincu que Daesh n’est qu’une réaction, je ne
dirais pas un symptôme, mais une réaction purement naturelle à cette autre
culture de mort qui lui fait face (appelons ça nihilisme). Prenez l’évolution
de l’islamisme radical dans les pays arabes, elle suit une courbe parfaitement
symétrique à l’avènement du nihilisme des démocraties occidentales. La culture
youporn, le mécanisme capitalistique, la publicité pour la testostérone, tout
ce que les Etats-Unis surreprésentent principalement via internet, tout cela
qu’ils véhiculent en permanence dans le monde n’est qu’un vecteur, un levier
pour déclencher l’hystérie adverse, celle du radicalisme religieux. L’islamiste combattra ad vitam aeternam le
néant, le néant du progrès technologique, de la démocratie à bout de souffle,
de la déshumanisation, de la déculturation, et pour cela il emploiera les mêmes
armes de mort, avec le même cynisme. Il n’y a certainement pas à prendre
position pour l’une de ces deux formes de mort tout aussi toxique l’une que
l’autre. Il n’y a qu’à observer, sereinement, ce même déterminisme, cette même
détermination, cet équilibre parfait et régulateur entre des golems, des forces
de mort opposées qui détruisent ce qui chez l’autre est la négation de soi.