Diogène, c’est le dialogue intérieur (je dis bien dialogue et pas monologue), la pensée qui se
fabrique en marchant, puérile, infantile, avec un goût de folie morale qui
la préserve. Aucun des gueux qui s’y réfèrent aujourd’hui n’a véritablement percé
ce mystère. La petitesse et la folie du dialogue sont une persévérance morale.
Ringarde, ridicule, cette folie amène à soi dans les moments d’apathie, elle
est la seule garante du bonheur, du moi qui redouble. L’autosuffisance de cette
manie est calquée sur la nature, sa nature, qui à chaque moment est acceptée,
étudiée, préservée. En accordant à soi toutes les nuances de l’être on acquiert
sa nature entière. Le ridicule n’engage que soi, il aime à s’écarter de la
bien-pensance, du paraître, de la lente dégradation du moi qui n’est pas
écouté. Diogène se préserve, comme un animal qui ne se soucie pas du regard des
autres.
mercredi 29 novembre 2017
jeudi 23 novembre 2017
Progrès
Le progrès est nécessairement la cause de la dissipation de
la culture. Dissipation qui, sans cesse croissante, en vient à l’asphyxier,
jusqu’à ce que, par définition, l’homme ne puisse plus respirer. Les causes de
son malheur, au-delà de son refuge dans l’irréalité, le cloisonnement des
riches, lui sont pourtant assez floues. L’ironie du sort étant que l’on propose
comme solutions à ce malheur l’accroissement de ses causes mêmes : le
progrès. Le malheur prend alors un caractère double : l’homme est non
seulement lentement déraciné, mais qui plus est balayé par le vent du progrès
qui lui empêche d’y voir clair.
samedi 4 novembre 2017
Anciens, culture, longévité
La longévité est certainement l’alibi du progrès. Tout le
monde, dans l’état actuel des choses, même s’il a à se plaindre, voudrait vivre
plus longtemps, quitte à saborder nombres de principes qui sont bons pour l’homme.
Les philosophes de l’antiquité s’intéressaient à ce qui est bon pour l’homme en
général, et jusqu’ici, ce fait été mis en avant jusqu’à ce que la science et le
progrès atteigne un seuil qui est venu corrompre la vie de l’homme. Notre
longévité, notre rapport à la mort a changé. En quelque sorte, il nous tient en
tutelle, et nous savons que nous portons atteinte à l’homme et la culture, mais
ceci est toujours repoussé par la formule, « jusqu’ici, ça va ». Les
anciens s’intéressaient d’avantage à l’avenir et au passé. Mais aussi, l’homme
du vingt et unième siècle regrette un passé qu’il a connu. Tous à peu près
veulent la même chose, même s’ils s’affrontent. Mais tous savent qu’ils sont
responsables de ce qu’ils regrettent. Ils regrettent le passé, mais ils ont tué
le culte des anciens, le culte de l’histoire.
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