samedi 24 février 2018

Camus


Camus est doué de ce réalisme porteur, voire romantique. Le chapitre sur les jeux d’enfants de son dernier roman est merveilleusement décrit. Les enfants font avec la misère, et se distraient par les moyens qu’elle donne. Et au final, ils sont repus de ce que leur offre le monde et leur terrain de jeux. Ils ne demandent rien de plus. Eloge de la simplicité, de la misère comme refuge et comme témoin de l’homme. Or ce monde que décrivait Camus, il tend à disparaître, car l’homme veut faire cesser la misère. Mais pour cela, qu’elle nouvelle misère il emploie ! Il dénature l’homme, s’isole, ne s’amuse plus de rien de convenable. Et la richesse, comme on nous a souvent mis en garde dessus, devient l’ennemie de la sagesse.

mercredi 21 février 2018

L'homme et la nature


Le fait d’être en rapport sensoriel avec le monde, de le toucher, ou le sentir, est un processus d’humanisation, voire une déviance typique de l’homme. C’est un peu comme un chat qui ronronne, bien que les animaux sauvages aient peu de loisir de le faire. Mais l’homme va plus loin, il poétise le monde et il s’attarde à fonder sur ses impressions une science : le règne du sensible. Cette manière d’aimer et appréhender le monde est comme la crème de la nature, humaine seulement. Nietzsche en a été en quelque sorte le chef de file, il a opéré une science purement humaine, s’écartant de la nature, car la nature est brutale et ne permet pas à l’homme de convoquer sa sensibilité pour survivre.

samedi 17 février 2018

L'âme et le corps


La philosophie antique séparait l’âme (psyché) du corps (soma). Psyché a donné psychisme, et soma, somatique. Majoritairement, les philosophes de l’antiquité faisaient l’éloge de l’âme face au corps. Certains méprisaient le corps, d’autres étaient mitigés, d’autres encore y voyaient une qualité similaire à celle de l’âme.
Le problème que nous rencontrons aujourd’hui vient de la science. Celle-ci nous explique qu’il n’y a pas de psyché (l’âme), mais que du soma (le corps). Le cerveau étant un organe comme un autre, faisant partie du corps, et l’âme étant une fiction, une invention. La science prévaut donc sur la pensée humaine, et tout le monde en pâtit. Le monde régresse et se dégrade, sans que l’on puisse y porter un recours. Car les hommes, en grande majorité, sont infiniment crédules. Ils ne peuvent se faire à l’idée que la science ait tort. Mais en vérité, la science n’expliquera jamais le monde dans sa totalité, car elle évolue en permanence, elle n’est pas stable. La sagesse consiste donc à croire en ce qui est bon pour l’homme, par son intuition et sa raison, et non par la science, qui ne devrait que les confirmer (et d’ailleurs c’est ce qu’elle fait).
On accuse parfois Descartes d’être à l’origine de ce scientisme, mais c’est une erreur car Descartes, malgré sa croyance en la science, croyait également en l’âme, comme principe humain. Il l’a située dans une partie du cerveau, ce qui semble aujourd’hui farfelu, mais là n’est pas l’essentiel. Qui sait ce que nous dira la science sur l’âme ou une possibilité de l’âme dans un futur proche ou lointain, si tant est qu’on ne croit qu’en la science.
Enfin, j’aimerais finir sur la pensée nietzschéenne. Nietzsche est en quelque sorte l’apothéose ou le dernier éclat de la philosophie antique. Il aimait profondément les philosophes antiques, et voyait dans cette philosophie comme une révolution pour le monde moderne. Son Zarathoustra couronne la philosophie antique, et le rêve de Nietzsche était d’y apporter un point final. Hélas, les philosophes qui l’ont suivi et se réclamaient de lui, les post-nietzschéens, puis les philosophes du vingtième siècle, notamment français, se sont écartés de sa pensée à ce point qu’il le trahissaient en partie : ils réfutaient la pensée antique, et s’attachaient à une pensée artificielle qui est à l’origine du culte de la science et du discrédit de l’âme.

lundi 12 février 2018

Science


La science existe elle ? La seule vertu qui soit est la prescience, le reste n’est qu’un attirail superflu, nécessairement assujetti à l’homme, qui est la seule chose qui soit. Son intuition a déplacé les montagnes de la croyance, pour atteindre les cimes de la vérité. La prescience qui n’est que l’étincelle de cette vérité, se vérifie par la science qui est son application. Certes on peut avouer que la science existe. Mais a t-elle vraiment une vérité intrinsèque ? Non, car elle n’est jamais définitive, et qu’elle dépend de la conscience humaine, qui lui donne sa raison, son efficience. Elle n’est rien en tant que tel. Elle sauve des vies, guérit des maladies, construit d’imposantes machines, mais elle n’est que le reflet lointain de sa mère la prescience humaine.

lundi 5 février 2018

Modernité


La modernité n’a rien à voir avec l’état d’avancée technologique d’un pays. La modernité est un état d’âme, hérité de l’antiquité. C’est en quelque sorte la crème d’une civilisation, ce qui dépasse du cadre mécanique des choses. Est moderne une société où l’on exprime clairement les bénéfices que tire l’homme de sa relation à cette société, ce regroupement d’individus. La pensée, les arts et les sciences en témoignent. Mais surtout l’état de cette société, l’ambiance qui est la sienne. Une civilisation comme aujourd’hui où la majorité des gens survivent parmi des progrès technologiques sans cesse croissants sans rien en tirer, sans enthousiasme et sans cohésion est une civilisation fichue. L’état de confort et les services qu’apporte la science ne témoignent en rien de la qualité de vie et de la modernité d’un pays. Au contraire, nous vivons aujourd’hui dans une société totalement archaïque, où rien de supérieur, où aucune des qualités propres à la modernité qui ont été amorcées depuis des siècles ne portent leur fruit. Notre civilisation a totalement régressé ces dernières décennies.